Hier soir est sorti le classement des 50, supposés, meilleurs restaurants du monde. Mais sur l'autoroute de l'expérimentation gastronomique, vous ne trouverez point de ces petites sorties, débouchant sur les charmes habiles d'une cuisine faisant battre les cœurs plus que les neurones de la réflexion culinaire. En effet, aujourd'hui, je ne vous parlerai pas de ces assiettes recouvertes de matière grise, car ces derniers jours, la quête simpliste habillant mes papilles trouvait sa vérité bien ailleurs. Une vérité glissant sous la dent, caressant le palais, dans le simple but de retrouver un peu d'amour et de sincérité dans l'assiette.
Ainsi, sous le voile terne d'un ciel bien sombre, dans la beauté sauvage de la Côte Vermeille, nous avons profité du relâchement météorologique pour prendre soin de nos silhouettes. Car le mauvais temps a cela pour lui : il permet d'entretenir les panses. Oui, désolé, mais mon estomac est totalement imperméable à la grisaille d'un week-end en bord de mer. Bien au contraire, la profondeur vivifiante des embruns a une fâcheuse propension, du moins chez moi, à creuser l'appétit... Vous me direz que le soleil, les vacances, ou une dure journée de travail aussi, mais bon.
Ainsi, sous le voile terne d'un ciel bien sombre, dans la beauté sauvage de la Côte Vermeille, nous avons profité du relâchement météorologique pour prendre soin de nos silhouettes. Car le mauvais temps a cela pour lui : il permet d'entretenir les panses. Oui, désolé, mais mon estomac est totalement imperméable à la grisaille d'un week-end en bord de mer. Bien au contraire, la profondeur vivifiante des embruns a une fâcheuse propension, du moins chez moi, à creuser l'appétit... Vous me direz que le soleil, les vacances, ou une dure journée de travail aussi, mais bon.
Ainsi, comme à chaque départ, pour une paire de jours (ou plus si affinités), l'une des préoccupations premières sera, bien évidemment, de savoir où manger. Pour cette nouvelle escapade en terre catalane, un passage au Xadic del Mar à Banyuls s'imposait, la simplicité et la qualité des produits étant une porte ouverte sur la mer et l'arrière pays où se croisent les produits des meilleurs garde-manger autochtones. Ainsi, une bouteille de champ' sur la table et toute une région dans l'assiette, nous entrâmes de plain-pied dans ce week-end de sustentation familiale.
Pour le dernier soir, il nous fallait fermer cette parenthèse culinaire sur un nouveau lieu. Et depuis plusieurs mois, et quelques passages en pays colliourenc, un endroit cristallisait autant ma curiosité que le regard hypocalorique que j'arbore lors de ces fins de semaine, panse ouverte. Mais, les atermoiements liés à la volatilité des réseaux sociaux furent comme autant de figures de style glorifiant l'art de tout remettre au lendemain. Alors, cette fois-ci, sus aux attitudes procrastinatrices, nous réservâmes chez Martine, égérie virtuelle d'une gastronomie du plaisir, que le web pinardier aime souvent à louer, surtout quand les gamelles au fumet cajoleur savent se conjuguer au tintement des verres bien remplis.
Rendez-vous fut donc pris à La Table de Cuisine, au cœur du village de Saint André, sous un crachin que l'on croyait seule propriété des bretons, pour y déguster la cuisine de Laurent et Martine Brozzetti. Petite salle, charmante, petite carte, rassurante. Ici, on ne sert pas à la volée, une vingtaine de plats tous plus ou moins maquillés. Non, la carte est restreinte, faite de produits locaux et de saison. Normal, me direz vous ? On aimerait bien, mais c'est encore loin d'être le cas partout, je dirais même que c'est l'exception. Alors, profitons-en !
Un très beau menu, entre le tartare d'asperges, noisette et Bellota ; la morue désalée d'un moelleux réconfortant, ou encore les desserts, tout fut parfait. Surtout quand votre hôte d'un soir, vous propose un vrai menu enfant, assorti de coloriages et d'une carte des vins aussi personnelle que charnue.
Oui, la carte des vins parlons-en ! Dans son tissu régional, le livre de cave propose une foultitude de vins régionaux à tendance nature, bios et bons à la fois, à des prix particulièrement doux. Mais quand on se perd dans le reste du menu pinardier, on se met à envisager aussi un soupçon de spleen baudelairien dans le cœur de nos restaurateurs. L'empreinte jurassienne parcourant la carte des vins ne faisant pas de doute sur l'accointance passionnelle liant nos roussillonnais d'adoption à leurs vallons franc comtois.
Bref, nos papilles se posèrent sur un carignan blanc du Domaine Le Conte des Floris. Un grand jeune, aux accents fumés et floraux envoutants, déroulant sa classe dans une bouche ample et suave à la finale miellée d'une rare finesse. Ajoutez à ça une impression de pureté cristalline et vous obtiendrez un de ces câlins glissants que les moralisateurs du juste temps ne cautionneront point, vu le potentiel de ce nouveau-né.
Bref, nos papilles se posèrent sur un carignan blanc du Domaine Le Conte des Floris. Un grand jeune, aux accents fumés et floraux envoutants, déroulant sa classe dans une bouche ample et suave à la finale miellée d'une rare finesse. Ajoutez à ça une impression de pureté cristalline et vous obtiendrez un de ces câlins glissants que les moralisateurs du juste temps ne cautionneront point, vu le potentiel de ce nouveau-né.
Et c'est dans l'harmonie de quelques notes suspendues dans le temps, blotties au creux d'un verre, que les vapeurs sans âge d'un de ces rancios secs du pays mirent fin cette belle soirée. Nous reviendrons, c'est certain, nous reviendrons partager les mignoteries du verre et de l'assiette que vous faites partager avec tant de passion. Et sur ma Route 66, celle qui mène aux rivages dentelés que les Pyrénées ont patiemment ciselés dans la Méditerranée, Saint André est maintenant distinctement indiqué et mes papilles rassurées.
David Farge "ABISTODENAS"
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