Le soleil de printemps commence à soulever les jupes, les cuirs se tannent à l'ombre des tonnelles et les verres ont besoin de finesse pour sublimer cette chaleur estivale qui s'annonce. Et le cinsault est à mon humble avis, un des dignes prétendants à ce rôle d’exhausteur d'une saveur aussi agréable que celle des vacances.
Et ce coup-ci, c'est dans l'Aude que nous allons partir. Un peu à contre pied de l'idée première que l'on se fait de ce cépage, Olivier Calix du Domaine Sarrat de Goundy y élabore une de ces cuvées éphémères que les opportunités, les choix d'un jour ou l'expérimentation permettent. Un cinsault loin des petits jus fluides et légers, sans réelle structure. Non pas que ces boissons rafraichissantes n'aient pas leur rôle à jouer dans le plaisir du vin, mais faire mentir les propos généralistes est aussi un courant intéressant à exploiter. Ainsi, essayer de faire sortir de ce grappillon pour tisane, un peu de matière, fut pour le tenancier d'Armissan, le point de départ de cette Cuvée sans titre n°2.
La "recette" de cette inédit narbonnais ? Des raisins plutôt mûrs, une belle saignée de la cuve pour concocter un joli rosé au naturel, puis après décuvage, les premières presses assemblées "poids pour poids" avec les coules. Le résultats ? Un cinsault bien structuré, au grain fin et bien présent. Sur ce terroir de cailloux et d'argile, ces ceps évoluant depuis plus de trente ans sur le terroir de La Clape, venaient de donner naissance à quelque chose de véritablement intéressant... et surtout quelque chose de bon.
Et dans ce millésime 2012 encore bien jeune, que trouve-t-on ? Dans le verre, après une bonne aération, un jus dense et sombre. Un nez tournant autour de la réglisse baignant dans un jus frais et sauvage fait de petites baies noires et d'un soupçon de prune. Les vins du terroir de La Clape ont ce côté indomptable que la rigueur des paysages impose, et ce, dès les premiers pas au cœur de ce massif balayé par les vents. Et ce cinsault ne trahit pas son pays, la bouche possède bien ce côté indocile rehaussé d'une belle fraîcheur. C'est encore un peu strict, mais sans austérité, et avec quelques années au frais d'une cave, ce jus saura lâcher les chevaux, pour déverser le délicat message de ce cépage, mais cette fois-ci avec un petit porte-voix tannique bien utile.
Rendez-vous donc dans quelques années, j'ai encavé quelques quilles, j'ai fait ce pari, et je ne pense pas m'être trompé. Cette cuvée étant un coup d'essai, si vous en croisez quelques spécimens, essayez-vous y, car rien ne dit que le cinsault, trop rare célibataire en bouteille, ne retrouvera cette place de choix dans l'avenir du chai d'Olivier Calix...
David Farge "ABISTODENAS"
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CINSAULT(veur) à la carte...
Carte des cuvées de cinsault dégustées sur le blog :
Continue David, c'est top tes découvertes !
RépondreSupprimerMerci Michel (2 ans et demi de retard dans la réponse, désolé...), nouvel épisode demain ! (le 19ème...)
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