2 blogueurs, une 2 CV rouge et blanche, 3 jours le long de la
mythique Nationale 7, 300 km de Lyon à Avignon, 35˚ à l’ombre, beaucoup
de belles rencontres. Ultime soirée, la fatigue aidant, le réconfort d'un cocon gourmand se fait très agréable...
Malgré la passion, le plaisir des rencontres et les kilomètres avalés à une allure de sénateur au volant de notre bolide, le corps a parfois ses faiblesses que la fatigue rappelle. Dans notre marathon vinique sur les routes du Rhône, cette deuxième journée fut particulièrement dense. Après avoir escaladé le vignoble escarpé de Brézème, traversé avec gourmandise le territoire de Grignan les Adhémar, fait tourné le compteur de la deuche pour trouver un peu de mélange et repartir ainsi plus sereinement, la chaleur ayant fait aussi des ravages, notre soirée libérée de tout nouveau rendez-vous s'annonçait plus légère, d'autant que nos velléités de repos n'étaient en aucun cas teintées d'une éventuelle abstinence liquide.
Sortis quelques temps de la Nationale 7 pour profiter des paysages sauvages de la Drôme provencale, nous voilà donc de retour sur notre itinéraire menant à Avignon. Déjà plus de 200 kilomètres au compteur et voilà que se profile Piolenc et son musée de la N7, Orange et son théâtre antique. Et c'est justement à quelques encablures de le Cité des Princes que nous devions faire escale. Niché au cœur d'un parc ombragé, Le Mas des Aigras est un de ces lieux que l'on est content de découvrir. Totalement liquéfiés par notre périple du jour, il fut en effet difficile de ne pas considérer la piscine trônant face à nos yeux comme un bienfait salvateur pour nos organismes.
Mais nos papilles n'ayant à priori pas autant souffert de la chaleur, c'est avec un réel enthousiasme que nous nous installâmes à La Table du Verger, restaurant de l'établissement. Et évidemment, en bons esthètes pinardiers qui se respectent, c'est par la carte des vins que nous engageâmes nos réjouissances du soir : une belle carte mettant à l'honneur pas mal de beaux noms régionaux. Ayant nous même de quoi faire avec quelques brézèmes du Domaine Lombard, restés dans le coffre depuis le matin, nous jetâmes notre dévolu sur une des icônes des Côtes-du-Rhône : Emmanuel Reynaud.
Début de repas, autour d'une assiette de charcuteries, nous sommes étonnamment surpris par le Brézème blanc de Julien et Emmanuelle, un blanc émancipé, ayant pris de l'amplitude et de la vivacité après quelques heures de vadrouille. Puis, nous attaquons la carafe déposée à nos côtés : un Château de Fonsalette rouge 2004, dense, charnu et encore bien jeune qui allait accompagner bien plus que notre pièce de taureau saignant dans l'assiette. En effet, à la table voisine, c'est un autre vin du sieur Reynaud qui venait d'être débouché : une Pialade 2007, un vin que j'affectionne particulièrement de part son inévitable profil bourguignon à l'accent sudiste charmeur. Ni une ni deux, afin de perpétuer les valeurs de partage du divin breuvage, je proposais à nos proches compagnons de tablée de goûter à notre flacon en échange d'un verre de ce "petit" vin de chez Rayas, et ce, afin de profiter d'un parallèle intéressant. Qui a peur de la subjective lourdeur des vins rhodaniens se doit de goûter aux vins d'Emmanuel Reynaud. Les sols de safres qui baignent les pieds de grenache, cinsault ou syrah ; les nombreux bosquets entourant le célèbre Château de Rayas, sont autant de caractéristiques conférant à ces vins, au-delà du travail d'orfèvre de la famille Reynaud depuis des générations, cette touche unique, subtile conjugaison du raffinement et de l'élégance. Avec de tels compagnons de verre, la soirée s'en trouva magnifiée, et c'est autour d'un Eugène de Monicault 2012, Brézème rouge brillant, mordant et séveux que nos agapes prirent fin, non sans avoir appris que notre voisine de table, jeune vigneronne en devenir, reprendrait sous peu le domaine familial, avec un certain Emmanuel Reynaud pour modèle et un terroir sableux prometteur comme terrain de jeu.
Quelques heures de sommeil plus tard, c'est un rendez-vous avec l'Histoire qui nous attendait. Un passé captivant que Guillaume vous contera la semaine prochaine. Et c'est avec regret, après un petit-déjeuner qui n'avait de petit que le nom, que nous quittâmes la quiétude gourmande du Mas des Aigras, pour continuer, rassérénés, notre périple rhodanien.
... à suivre !
Trop dur, la vie... ;-)
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