Un peu de tri !

lundi 18 août 2014

CINSAULT(veur) #5 : En attendant la relève...

C'est l'été, loin des soupes tanniques hivernales, ce sont les robes légères qui virevoltent dans les verres, au premier rang desquelles le cinsault, souvent à l'aise à l'heure de se faire une place de choix sur les tablées estivales. Catalogue liquide des représentants de ce cépage méconnu, sorte de pinot sudiste au potentiel insoupçonné, voici un nouvel épisode pour continuer de faire connaissance avec notre CINSAULT(veur)...

En route pour de nouvelles expériences cinsaurielle, aujourd'hui, c'est du côté de Saint-Jean-de-Fos que nous nous rendons, au Mas Conscience. Revenu sur ses terres d'enfance en 2003, Laurent Vidal vinifiait depuis les vins du domaine, mais dernièrement, celui-ci vient de passer le flambeau à Nathalie et Eric Ajorque, deux passionnés décidés à perpétuer le travail qualitatif du domaine. 

Pour avoir souvent rencontré les vins de ce domaine, il est des histoires de goût que l'on n'explique pas toujours. Si je n'ai que rarement été séduit par ces jus au demeurant bien fichus, l'intérêt que je porte au cinsault m'a bien souvent amené à retourner en terre héraultaise, pour goûter à cette cuvée prometteuse, qui dans un élan enfantin est censée vous balader entre ciel et cieux. 

Oui, ça faisait bien longtemps que je voulais parler de cette bouteille : un domaine consciencieux dans son approche du terroir, des caractéristiques souvent proches d'une viticulture sudiste que j'affectionne, avec de belles acidités, des extractions maîtrisées et un boisé anecdotique voire même ignoré au nom de la préservation d'un fruit originel prépondérant dans l'élaboration de ces jus... Difficile alors de ne pas jouer les curieux en ouvrant quelques flacons du domaine.

Vendanges manuelles, biodynamie, levures indigènes, rendements maîtrisés autour de vignes à la soixantaine parfois bien tassée, une chose est certaine, ici, on prend soin du raisin, de la vigne à la bouteille. Avant la mise, qui subit un léger sulfitage, les rouges passent le plus souvent par le béton, garant d'une fraîcheur souvent salvatrice dans la région, quand les blancs restent dans l'inox. 

Et notre cinsault dans tout ça ?

Une vigne quinquagénaire sillonnant les sous-sols d'un terroir d'éboulis calcaires permet l'élaboration de cette cuvée. Une fois les raisins rentrés au chai, après une vinification traditionnelle, ce sont 7 mois de cuve béton qui vont finir de crayonner ce vin qui terminera de se mettre en place après quelques mois de bouteille. Et aujourd'hui, ce Ciel Cieux 2011 passe pour la énième fois entre les lames de mon tire-bouchon...

À l'ouverture, une bonne réduction s'empare du verre, des notes passagères, laissant penser à d’entêtantes fragrances de sésame ou de cacahuète. Gênantes au premier abord, elles appellent immédiatement un apport d'air salutaire. Ensuite, au travers d'une robe sombre parée d'un léger voile transparent, le cinsault fait son entrée. On y retrouve les marqueurs typiques de ce cépage : le bois de rose, les baies sauvages... mais rapidement une note de caramel vient déséquilibrer l'ensemble. En bouche, la finesse du cépage ne fait point de doute : attaque vive et mordante, tanins fins et belle fluidité accompagne la découverte du vin. Malgré tout, le milieu de bouche présente un léger creux rendant le fruit un peu plus discret et le ravissement tant attendu se laisse finalement désirer. Après quelques heures d'ouverture, le vin joue plus aisément sa partition, libérant de belles notes épicées jusqu'à cette finale saline portée par des tanins encore un peu asséchants. 

Et si finalement il ne manquait pas une paire d'années à l'ombre d'une cave pour que ce cinsault, aujourd'hui un peu chahuté dans nos verres, ne se livre vraiment ? Cépage encore trop souvent considéré comme immédiat de part sa faible colonne tannique, il n'en demeure pas moins un délicat ambassadeur des équilibres portés par de belles acidités, garantes d'un sérieux potentiel à l'heure d'affronter le temps.
Alors finalement, pour une dizaine d'euros, cette bouteille de belle facture joue un rôle plaisant, mais quand le cinsault peut parfois arborer le regard onirique d'une Lauren Bacall, difficile de se contenter d'un second rôle au regard charmeur légèrement chancelant.   
Consciencieux, je ne tarderai pas à goûter les millésimes suivants, en attendant, pourquoi pas, une visite dans le coin afin de faire connaissance avec la relève en charge de faire perdurer le travail d'une décennie, au cœur d'un des plus beaux terroirs du Languedoc .



Mas Conscience
 
Nathalie et Eric Ajorque  
Route de Montpeyroux  
34150 Saint-Jean-de-Fos  
Tél : (+33) 06 76 78 56 14

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CINSAULT(veur) à la carte...

Carte des cuvées de cinsault dégustées sur le blog :

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