Quelques mots livrés à chaud, puis le silence, la réflexion et enfin l'espoir traînant dans son ombre les regrettables désillusions de demain. « Sait-on jamais ?! » se hasarde mon optimisme tout à coup chancelant. Oui, sait-on jamais...
Et en attendant ?
En attendant, je reprends le chemin de mon école, avec l'impression forte que quelque chose de plus important que jamais se déroule chaque jour, derrière chaque pupitre baigné par l'odeur réconfortante des marqueurs à tableau, des livres plus tout à fait neufs ou, plus encore, de l'encre encore fraîche glissant tendrement entre les interlignes trop stricts des cahiers d'écolier. Mais aussi, que derrière ces événements, se tapit maladroitement la responsabilité d'une société qui n'a pas su quoi faire des canons silencieux de la culture et de l'éducation armant pourtant si puissamment l'école.
Je n'en parle pas souvent, mais mon quotidien se nourrit bien plus des sourires enfantins que des petits bonheurs liquides endimanchant les week-ends ou les soirs pleins d'embonpoint affectif. Le vin comme une pincée de sel, ou de poivre, venant agrémenter un peu le sérieux de ces journées en manque de futilités récréatives. Le vin, comme la lecture, la cuisine, la musique... Ces choses que l'on ne fait que quand on a le temps, mais dont on ignore finalement l'importance quasi essentielle : l'engraissage culturel des esprits débouche évidemment sur l'éveil des consciences. À force de prioriser le matériel, l'individualisme, de vivre son quotidien sur le simple versant infantilisant du tout affectif, on en oublie rapidement le sérieux et l'importance de choses aussi simples que la déconnade, l'impertinence ou la jouissance partagées.
Et derrière ces écrans de fumée où la pseudo-responsabilisation du bon peuple ne consiste en fait qu'à une sombre résolution visant à faire baisser les regards, la vraie vie, celles des jouisseurs d'instant, se doit pourtant de coexister : avec ces moments de frivolité, ces anecdotes du bonheur et toutes ces petites choses qui du haut de leur solennelle légèreté font aussi battre les cœurs. S'amouracher en Candide de tous ces petits plaisirs n'épargne pas les consciences, bien au contraire, cela permet tout au plus de les soulager un peu, et de fait, d'entretenir la critique, le discernement et l'irrévérence nécessaire à tout défenseur du pluralisme des idées.
C'est pourquoi nous avons trinqué à cette insoutenable légèreté de l'être. Cette légèreté que la lourdeur du quotidien voudrait museler. Oui, nous avons bu, laissant ces cadavres exquis se jouer de nos maux avant de venir sustenter de francs appétits adeptes de poésie liquide.
Ici, un vif et pétulant champenois encore en couche-culotte : « Mais que cette fraîcheur de teint lui va bien ! ». Un Ulysse Collin hésitant entre floraison printanière et cueillette de fruits blancs bien juteux... Quel plaisir ! Tout comme son grand frère, venu fêter son changement de millénaire, après une grosse décennie de repos. Un Jacquesson arborant fièrement des saveurs automnales, appelant indubitablement la chair blanche d'une volaille, quelques noisettes ou une poêlée de champignons. Pluralisme des discours, pluralisme des plaisirs, richesse de la diversité nourrissant jusqu'au terroir de ces petits ravissements papillaires.
Là, une brochette de blancs-becs aux accents multiples trahissant l'éclectisme et la curiosité passionnelle que le vin peut inspirer... Souvent exubérants, ces trois ambassadeurs à l'aromatique bavarde, nous auront aussi fait voyager entre exotisme et lit d'épices douces. Une vrai belle virée...
Alors en attendant, continuons de trinquer, de boire et d'éduquer.
Ici, un vif et pétulant champenois encore en couche-culotte : « Mais que cette fraîcheur de teint lui va bien ! ». Un Ulysse Collin hésitant entre floraison printanière et cueillette de fruits blancs bien juteux... Quel plaisir ! Tout comme son grand frère, venu fêter son changement de millénaire, après une grosse décennie de repos. Un Jacquesson arborant fièrement des saveurs automnales, appelant indubitablement la chair blanche d'une volaille, quelques noisettes ou une poêlée de champignons. Pluralisme des discours, pluralisme des plaisirs, richesse de la diversité nourrissant jusqu'au terroir de ces petits ravissements papillaires.
Là, une brochette de blancs-becs aux accents multiples trahissant l'éclectisme et la curiosité passionnelle que le vin peut inspirer... Souvent exubérants, ces trois ambassadeurs à l'aromatique bavarde, nous auront aussi fait voyager entre exotisme et lit d'épices douces. Une vrai belle virée...
Bref, ce soir là, les canons défilèrent en silence, mais pas sans animer la cohorte de bons vivants à leurs côtés. Une bien belle soirée, non pas une parenthèse, mais un vrai moment de vie, avant de repartir sur le front de l'éducation. La sémantique consensuelle de nos idéaux, verbiage d'enfonceurs de portes ouvertes le plus souvent, peut fatiguer. Vision de guimauve, quand au son des violons, ensemble se voit immanquablement corrompu par seul. Mais parfois les raisonnements les plus sommaires sont comme ces instants sublimant l'ordinaire de leur évidente simplicité. La générosité ou le partage, bien avant l'érudition, permettent de mettre un pied dans cette bonhomie humaniste, imbibée de savoir et de liberté, dont se nourrissent les cœurs et les esprits. Le reste, c'est le quotidien, la confiance et le temps qui s'en chargeront...
Alors en attendant, continuons de trinquer, de boire et d'éduquer.
Un bel hommage à de grands hommes. Un article très juste, merci.
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