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L'interview qui cuisine la glouglousphère... |
Après le passage de Mathias Marquet sur le divan de Cru ou Cuite ?, repartons pour un second
épisode qui nous mènera en terres languedociennes, plus précisément dans la
Malepère, où sévit le talentueux Frédéric Palacios.
Toujours le même principe :
une volée de questions, les réponses de notre invité du jour et, je l'espère,
l'occasion de découvrir ou de connaître un peu mieux un de ces nombreux acteurs
de vigne et du verre.
Frédéric Palacios c'est un
des points de départ de ma passion pour le vin. Un des premiers vignerons avec
qui j'ai pu découvrir l'envers du décor : la vigne, le travail au
chai, et pas seulement la dégustation de quelques canons autour d'une barrique
éprouvée par le temps. Un vigneron de talent qui joue avec la schizophrénie
d'un terroir à cheval entre influences océaniques et méditerranéennes. Terre de
merlot, de cabernet sauvignon ou autre malbec, la Malepère de Frédéric c'est
aussi le chasan, chardonnay aux accents espagnols de listan, le cinsault et
quelques plans de grenache.
Proposant le plus souvent
des vins vifs et denses dont la personnalité évidente leur confère une touche
unique, Frédéric c'est aussi ce vigneron ouvert, à l'écoute, en perpétuelle
remise en question. Un gars courageux et fier de sa terre, même quand la nature lui tombe sur le coin de la gueule et ravage ses vignes, comme se fut le cas lors de l'été 2014, où la
grêle s'invita des pentes du Mont Naut jusqu'au cœur du vignoble languedocien.
Bref, un de ces vignerons dont je ne peux que vous recommander
de goûter les vins. En attendant, bienvenue à lui sur le blog et bonne lecture
!
1- Bonjour à toi et
merci de ta présence dans cette nouvelle rubrique du blog ! Commençons si tu le
veux bien par les présentations...
Palacios Frédéric, surnom
"Le Chilien" du fait de mes origines, 38 ans, vigneron dans le pays
de la mauvaise pierre (Malepère). Propriétaire d'une chienne Arcane, ma fidèle
amie (elle est née dans le secret d'où le nom, une histoire de cul entre la mère
d'Arcane et le chien du voisin) et de quelques poules pour les œufs (j'adore
les oeufs à la cansalade frite, anciennement le petit déjeuner de mon grand
père).
2- Actuellement, niveau
boulot, c'est plutôt les mains dans les poches ou les poches sous les
yeux ?
En ce moment c'est du huit
heures par jour, debout dans les vignes, pour la taille, donc entretien des
biceps et des cuisses.
3- Sinon, à part dresseur
de caniches pour Bouglione ou surfer californien, si tu n'étais pas vigneron,
tu ferais quoi aujourd'hui ?
Je serai snowboardeur dans
les Pyrénées ou prof de golf...
4- Une fois la semaine de
boulot terminé, tu serais plutôt costard et grand cru ou débardeur et cuite ?
Le boulot terminé, je
pratique le trail pour pouvoir apprécier encore plus la charcuterie après
l'effort. La boisson qui convient le mieux pour la récupération c'est toujours
le bon canon qui va avec le bon moment, mais plutôt du Languedoc, je suis
chauvin. Ailleurs en France, j'en pince pour les vins de Thierry Violot à
Pommard, les blancs de Richard Leroy ou les vins d'Eric Pfifferling.
5- Dieu créa la femme. Et
toi ? Plutôt créa' ou plutôt flemme ?
Dieu créa la femme, je vais
créer le vin du futur : en 2050, je plante du cinsault sur Mars. Plus
sérieusement l'objectif dans les deux ans c'est plantation de grenache,
cinsault, grenache gris et achat de jarres en terre cuite pour l'élevage de mes
vins.
6- Séville 82, Glasgow 76…
Avec des « Si » tout irait souvent beaucoup mieux. Et toi, en tant
que vigneron, tes poteaux carrés ce serait quoi ?
Je déteste les vignerons
qui sont trop sûrs d'eux, les donneurs de leçons. C'est un métier où il faut
savoir rester humble, mais de toute façon, la nature sait nous rappeler à
l'ordre...
7- Il te reste une paire
d'heures pour boire un coup et te passer un disque, prendre un bouquin ou mater
un film, si on met de côté ta passion inavouable pour La Soupe aux Choux
ou tes années Dany Brillant, tu choisis quoi ?
J'écoute fréquemment
Ibrahim Malouf, notamment son morceau Beirut* ou Caravan
Palace.
8 - Dernière question, tu
as le choix entre faire un exposé sur le vin de messe à travers les âges ou
nous livrer ton ressenti sur le vin de demain. Tu choisis quoi ?
Je m'autorise à ne pas trop
répondre à cette question... Le vin d'aujourd'hui c'est déjà pas mal. J'avance
avec les millésimes et la nature. J'essaie de comprendre comment fonctionne
l'écosystème de mes parcelles. Mais je crois malgré tout que le vin de demain
c'est le vin qui était bu dans les années 1900 : peu d'alcool, parcelles à
taille humaine avec un écosystème riche, le bon sens agronomique...
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Merci à
Frédéric Palacios pour cet entretien et à bientôt pour un nouvel épisode de
"Cru ou Cuite ? L'interview qui cuisine la glouglousphère" !
* Beirut est une
mélodie composée en 1993 par le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf,
alors âgé de treize ans. En 2011, il en fait le douzième titre de son album
Diagnostic.
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