S'il est une chose que je trouve actuellement bien agréable dans notre mondovino toulousain, c'est de sentir que la nouveauté tend à dépasser les habitudes. Jouer les ronchons nostalgiques de quelques adresses relevant d'avantage de la routine rassérénante que de la quête objective du bon possède certes quelques avantages, mais passé la carte de fidélité et la place près de la fenêtre, quid de l'excitation de fouler un paillasson encore inconnu ? En matière de gastronomie ou de descente de flacons, rompre avec les amitiés quotidiennes n'a rien avoir avec l'infidélité. Il faut plutôt regarder du côté de la curiosité, valeur refuge d'un temps semble-t-il révolu quand on découvre avec stupeur les attroupements moutonniers constellant les devantures historiques d'une certaine malbouffe toulousaine...
Heureusement, au cœur de la ville rose, les initiatives pour renouveler le porte-cartes des gosiers assoiffés de partage et de générosité sont elles aussi pleines d'embonpoint. Partons donc aujourd'hui sur les bords du canal de Brienne. Vieille voie d'eau toulousaine du XVIIIème siècle, elle permit de rendre le centre-ville accessible aux péniches languedociennes notamment chargées des munitions liquides censées étancher la soif des riverains du canal du midi. Mais aujourd'hui, au 31 bis allée de Brienne, plus besoin d'attendre une embarcation pour boire un coup. Depuis maintenant un an, une nouvelle cave à manger a ouvert ses portes : Les Passionnés. L'histoire de trois potes : David, le patron à l'initiative du projet, ancien sommelier du Puits Saint Jacques*, Mickaël, un ami d'enfance, et Florent, un passionné de cuisine ayant écumé les salles étoilées. Des gars du métier, avec un seul objectif en tête : rendre le vin accessible à tous en proposant une cuisine simple, autour de beaux produits, tout en arrivant à en vivre.
Voilà pour le cadre.
Voilà pour le cadre.
"Accessible à tous". Cette expression qui me semble parfaitement convenir à notre adresse du jour et que tout bistrotier devrait pouvoir faire sienne, est pourtant malheureusement trop souvent galvaudée. Lui, maillon incontournable de cet autre réseau social de proximité, oublie trop souvent que l'accessibilité se négocie avant tout dans le verre et l'assiette et en aucun cas sur le simple fait d'accepter ou non que se côtoient sur un même comptoir un col pelle à tarte et un jogging du dimanche, un biker vegan et un trader dyslexique.
Une accessibilité que j'imagine plutôt rimer avec simplicité. Simplicité et non pas médiocrité. Excusez mon côté bobo, mais avoir le choix entre un jaune ou un demi tiède pour accompagner un bol de cacahuètes sur un comptoir poisseux aux couleurs du PMU n'a, à mon humble avis, rien à voir avec la bonhomie tant espérée quand pousse la porte de ses établissement. Croyez-en l'expérience récente d'un papa en quête d'une pause pipi/goûter...
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Devanture vintage - Escale "Papa, j'ai envie de faire pipi" sur le chemin des vacances... |
Côté fourchette, pas de chichi. Pour les adeptes du comptoir, assiettes de charcuteries ou de fromages sont au programme. Personnellement, un peu gavé par la chose, je me tourne plus facilement vers la carte des quelques plats du moment. Les assiettes, toujours bien dressées, laisse assez peu de place au vide et les produits de qualité s'y retrouve donc en bonne place. Lors de notre dernier passage, veau, ravioles ou pâtisserie maison furent ainsi les parfaits compagnons de route d'une belle quille champenoise partagée en amoureux...
Enfin, il nous faut parler de l'addition. Comme semble parfois l'oublier quelques plumes gastronomiques, l'addition fait aussi partie intégrante de la réussite d'un repas. Question évidemment incontournable quand on paie celui-ci... Ainsi, le midi, la formule entrée/plat/dessert est à moins de 20 balles. Le soir, avec une carte proposant des assiettes entre 6 et 16 euros, sans vraiment faire attention, il est largement possible de bien manger pour moins de 30 euros un samedi en sortant du ciné, ce qui, en centre de Toulouse, est assez rare... à moins de lorgner à nouveau sur notre bonne vieille Entrecôte****.
Avouez que le choix est vite fait...
Avouez que le choix est vite fait...
* Restaurant fortement recommandable doublement étoilé de Bernard Bach situé à Pujaudran dans le Gers voisin.
** Désolé d'insister sur ce point précis, mais je suis de plus en plus sensible à un service attentionné et professionnel. Le service est un vrai métier, même quand il s'agit de boire un verre en terrasse de café...
*** Dans le désordre, quelques noms : Fabien Jouves, Anselme Selosse, Julien Ilbert, Philippe et Diane Cauvin, Thomas Pico, Plageoles, Gilles Azam, Sébastien Agelet, Olivier Cohen, Jean-Pierre Rietsch, Laherte, Barral, Maxime Magnon, Ulysse Collin, Foillard, Tissot, Marine Leys, Landron, Xavier Weisskopf, Danjou Banessy, Alliet, Da Ros, Reynaud, Allemand,...
**** 19 euros le plat unique (faux-filet et non ce n'est pas de l'entrecôte, frites, salade), auxquels il faut ajouter un dessert. Remarque, avec une carte des vins d'un autre temps, on risque de faire des économies en étant presque obligé de tourner à la flotte...
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