Quelques minutes de prise en main, quelques frayeurs le pied sur le frein, nous aurons permis de dompter la bête et d'enfin sortir de Lyon. Un passage en Côte-Rôtie et nous voilà ragaillardis ! Cap au sud, le moteur vrombissant, nous avalons maintenant goulûment la mythique Nationale 7...
"Nationale 7
Il faut la prendre qu'on aille à Rome à Sète
Que l'on soit deux trois quatre cinq six ou sept
C'est une route qui fait recette..."
Bienvenue sur la "route des vacances", bienvenue sur la Nationale 7, monument bitumé, symbole de soleil, des premiers congés payés, des escapades parisiennes vers la grande bleue... Mais la N7, ce n'est pas que Trenet, les caravanes attelées au cul des familles en mal d'évasion et le ronron des mécaniques rappelant qu'il est important de "prendre son temps". Non, la N7, c'est aussi une des artères nourricières de la capitale. Les convois ralentis par les machineries de l'époque, déambulant lentement mais sûrement vers Paris pour nourrir la grisaille surplombant les étals gorgés d'un soleil venu du Rhône et d'ailleurs.
Alors, en ce premier jour, on se prend à relativiser, à musarder plus qu'à avancer vers notre prochaine étape. S’imprégner de toutes ces histoires ayant forgé le mythe... Loin de l'autoroute ayant pris le relais de la communication galopante, caressant l'asphalte usé de ce qui fut un des plus gros chemins de France. Pour ce faire, il faut dire que l'on a joué à fond la carte vintage ! Embarqués à bord d'une magnifique 2 CV toute de rouge et blanc vêtue, affichant sereinement un maximum de vitesse autour des 90 km/h, mais offrant à nos oreilles la douce mélodie d'un moteur sans prétention, ni précipitation, nous voilà, quittant Lyon à destination d'Avignon, déboulant sur les mille bornes de ce tracé faisant aussi, pour notre plus grand bonheur, la part belle aux grandes appellations viticoles du Rhône. Ce qui n'était qu'un jeu de cartes égayant les après-midis pluvieux de nos vacances, devenait le tapis moelleux d'un voyage dans le confort de l'histoire et de la culture régionale.
Car partir à l'assaut de la vallée Rhône, c'est ouvrir ses papilles à nombre de possibilités gourmandes :
- Rester au cœur du Rhône, de l'Ardèche et de cette langue ligérienne permettant cette jonction commerciale entre les deux grands fleuves, pour y déguster la vivacité, le fumé et les notes florales de la reine syrah ; ou tomber dans l'exubérance cajoleuse du viognier, cépage de l'appellation Condrieu, agréable compagnon de table aux doux effluves d'abricot.
- À moins de descendre plus au sud, en quête d'un soleil plus franc, en Drôme provençale, où le lavandin et les oliviers partagent le cagnard avec les grenaches enfin à l'aise sous ces latitudes plus méridionales.
- À moins de descendre plus au sud, en quête d'un soleil plus franc, en Drôme provençale, où le lavandin et les oliviers partagent le cagnard avec les grenaches enfin à l'aise sous ces latitudes plus méridionales.
- Mais un printemps pluvieux aura vite fait de donner des envies sudistes aux plus frileux. Là où vieilles pierres, histoire et viticulture se mêlent pour ne plus faire qu'un. Ainsi le pays d'Avignon, capitale des Côtes du Rhône, saura sustenter les besoins aussi bien tanniques que gourmands, à l'ombre d'un patrimoine ne se limitant pas qu'à la Cité des Papes.
Côte-Rôtie, Hermitage, Cornas, Brézème, Grignan-les-Adhémar, Gadagne... Bref, autant d'escales liquides léchant les bornes émaillées de notre itinéraire, autant d'étapes dont nous profiterons, mettant ainsi à nu les histoires plus ou moins riches de chacune, au contact des gens qui écrivent cette aventure vinique à grand coups de pioches, de volonté et de nectars liquides.
En attendant de découvrir tout ce patrimoine, je ne peux que vous encourager à rendre visite, juste avant d'entrer dans Orange, Cité des Princes, au Musée Mémoire de la Nationale 7. À Piolenc exactement, où de passage à l'heure du café et des tartines, nous fûmes accueillis au beau milieu d'un rassemblement de la Confrérie de l'ail de Piolenc, pour une visite enthousiaste et odorante pouvant mettre à l'épreuve n'importe quel couple en quête de certitudes. Un lieu où l'histoire de France semble s'être déposée, au fil du temps et des inventions, soignant les besoins d'évasion de tous ceux qui décidaient de rejoindre le sud pour, durant quelques jours, participer à l'écriture de ce gigantesque album de vacances que peut être la Nationale 7.
Pendant ce temps, nous allons continuer d'avancer, dans le charme désuet des peintures publicitaires d'un autre temps : celui du Formica, des relais routiers longeant les routes, vitres relevées, bronzage et ventilation confiés au 45°C de l'habitacle, la transpiration semblant tanner le skaï noir des fauteuils de la 2 CV. Dans le coffre, tintent quelques bouteilles ; elles annoncent la prochaine étape, Tain l'Hermitage, sa colline, son chocolat, tous deux brassés par les contours du Rhône.
"De toutes les routes de France d'Europe
Celle que j'préfère est celle qui conduit
En auto ou en auto-stop
Vers les rivages du Midi
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