Un peu de tri !

mardi 23 septembre 2014

À table dans la ville rose...

Belles adresses, jeunes cuistots talentueux, bons produits : les assiettes de la ville rose n'attendent plus les étoiles pour nous régaler.

Fait maison, buffet à volonté, guides, Internet, exotisme, table gastronomique, fast food... Nombreuses sont les raisons qui peuvent pousser le client lambda à franchir la porte d'un restaurant. Mais à l'heure du choix, est-il toujours pertinent d'empiler les avis et de se voir ainsi rapidement réduit à une option par défaut, ignorant, le plus simplement du monde, un des critères les plus importants : son propre goût. 
Car si les avis plus ou moins marketés s'empilent sur la toile, dans les guides ou ailleurs, un peu de perspicacité permet tout de même de se mettre d'accord sur quelques points essentiels, rarement couchés sur papier glacé. Oui, le bon goût ne se décide pas entre deux publicités pour du jambon sous vide, encore moins en apposant un autocollant Fait Maison sur la devanture de son établissement. Les impostures commerciales sont comme ça, elles essaient de convaincre avant le premier coup de fourchette. Malin, non ?
Alors on tente de ne pas trop écouter la rumeur, on laisse ses amis racoler un peu, on jette quand même un œil ici ou là, histoire de savoir ce qu'en pense l'intelligentsia foodiste ou l'autre rigolo de blogueur qu'on aime bien lire parfois. Mais malgré tout, à un moment, faut entrer et s’attabler. C'est ce que j'ai eu la chance de faire, un peu plus que de raison, ces derniers temps, dans notre belle cité toulousaine. 
Si la tradition familiale veut que de temps à autre on pose nos coudes chez les étoilés locaux, histoire de prendre du bon temps, autour d'une cuisine du marché, le midi, pour un coût raisonnable ; il est aussi bon de remarquer qu'à côté des menus low coast de l'élite gastronomique édictée par le guide rouge, se joue une autre partition, tout aussi intéressante, que je m'évertue à rencontrer, dès que je peux. Et depuis quelques temps déjà, ce genre d'adresses n'est pas vraiment ce qui manque à Toulouse. 
Alors, si je n'ai pas encore eu le temps de rendre visite à toutes ces bonnes tablées dont on cause sous le manteau, il est au moins trois adresses dont je me dois de vous parler, pour la bonne cause, celle que défendent vos papilles et votre estomac.

Les P'tits Fayots

Après une soirée parfaitement orchestrée par Aziz Mokhtari, le chef des lieux, il y a quelques mois de ça, il m'a été donné de goûter ensuite à sa cuisine du midi. Formule de midi, pour une vingtaine d'euros, avec peu de choix, mais la certitude de produits frais. Un choix logique, suivant à priori les saisons, et qui, nourri d'un soupçon de fantaisie, peut rapidement satisfaire les palais délicats, sans pour autant jouer les équilibristes colporteurs d'un exotisme inapproprié. Au final, autour d'une carte des vins dynamique, faisant place à pas mal de références alternatives, la cuisine des P'tits Fayots permet de prendre soin des papilles les plus sensibles. Proposant toujours des cuissons justes, révélatrices de la fraicheur des produits utilisés, Aziz récite ainsi une partition délicate, assaisonnée d'un juste zeste d'audace...
La Pente Douce

Tout le monde attendait la réouverture de cette belle adresse... Depuis que c'est chose faite, j'y ai enchaîné les repas de midi avec autant de plaisir que d'envie de revenir. La régularité n'est pas un vain mot quand il s'agit de parler d'un établissement. Et Hamid et Typhaine, autour d'une carte conservant quelques éléments phares de la cuisine du patron (Miam miam ! les tripes au citron confit...), savent rafraichir leurs propositions de nombreux plats à la simplicité et la justesse rassérénantes quand le creux de milieu de journée se fait sentir. Le soir, autour d'une cuisine plus élaborée, c'est du tout pareil, mais en mieux... Et ici aussi, niveau liquide, un vent d'alternance souffle goulument : belles références sudistes, quelques noms aguerris à la pratique du nature (Ganevat, pour ne citer que lui). Bref, une belle table aux accents méditerranéens, qui sait, en plus de combler le client, sublimer chaque locataire de sa chambre froide...

SOLIDES

Depuis son ouverture, il y a quelques semaines de ça, regoûter à la cuisine de Simon Carlier était devenu en quelque sorte une marotte assourdissante de mon estomac. Ainsi, à l'occasion d'un dîner d'exception laissant la part belle au vin, c'est un menu sur-mesure qui nous a été donné de découvrir. Au programme : du pompeux, du noble... mais surtout du vrai ! Une très belle soirée, permettant dans la sincérité d'une cuisine réfléchie et respectueuse des produits, de profiter d'un beau moment de gastronomie. Un œuf au caviar à tomber, un saumon Petrossian d'exception, une volaille de cent jours cuite à la perfection, une déclinaison de brie aux affinages divers, et enfin, un dessert aux agrumes d'un rare équilibre, permettant de finir dans la vive douceur du citron au naturel.  Au fait, ici aussi on peut manger sereinement le midi, et même si nous n'avons pas vraiment testé la cave ce soir là, ce qui dormait sous nos pieds, attendant patiemment un coup de tire-bouchon, semblait avoir de la gueule...
Toulouse, ville vraiment gourmande ? On dirait bien ! Car au delà de la qualité de ces adresses (et il en manque, notamment le Tire-Bouchon de Philippe, à qui je dois rendre visite pour faire autre chose que boire... ou le Clos de François), c'est bien une dynamique du bon qui s'est enclenchée au sein de notre ville. Quand en plus, on sait que l'humain s'y déverse aussi sans retenue, on ne peut que se réjouir et se dépêcher d'ajouter une visite gastronomique au programme de toute découverte de la ville rose...


David Farge "ABISTODENAS"

   

5 commentaires:

  1. N'oublie pas l'air de famille, place Victor Hugo.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une belle table que je n'ai fréquenté qu'une seule fois... Il faut que j'y retourne Laurent, tu a raison.

      Supprimer
  2. Très belles tables effectivement. Surtout La Pente Douce, dont il faut saluer au passage la grande modestie des tenanciers.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Joli sens de l'ironie Pierre. Je dirais même qu'à La Pente Douce, les tenanciers n'ont absolument pas le sentiment d'avoir inventé la gastronomie...

      Supprimer
    2. C'est clair, puis faut aimer les gens tactiles, qui te tapent la bise alors qu'ils te connaissent même pas.
      Cette impression d'être un peu envahi par les tauliers m'a aussi été rapportée par d'autres personnes. Le mieux c'est d'y aller en plein coup de feu, quand ils n'ont pas le temps de s'incruster.

      Supprimer