Un peu de tri !

mardi 28 octobre 2014

On se la mesure ?

Les clichés ont la peau dure et pour cause... N'y aurait-il pas une part de vrai à affirmer que l'homme, le poilu, aime à jouer à celui qui pisse le plus loin, ou de savoir enfin, une fois le calbar sur les chevilles, qui mérite le respect de ses congénères. Indécente remarque sexiste si l'on ne distinguait pas aussi la présence de quelques femmes, peu enclin à laisser cette hormonisation de l'esprit de compétition, sans trace d'un quelconque soupçon de mixité.

Bref, que ce soit dans la cours de récré, un ballon entre les pattes ou face à quelques bouteilles, il en sera toujours un pour monter au créneau, défiant l'assemblée d'une vile intimidation, du genre: « Bon, on se la mesure ?! »
Et oui, on se refait pas messieurs dames ! Le bon vieil esprit de compet'... Le truc qui n'intéresse personne, mais qui fait tout de même toujours se dresser une oreille. Dernière du genre : la France est championne du monde de dégustation... Cocorico ! Bon, plus exactement vainqueur du concours international organisé par la RVF. Le principe est simple : des équipes de quatre venant du monde entier, douze vins servis à l'aveugle, cinq critères à retrouver (cépage principal, pays, appellation, producteur et millésime). Au final, on épluche les réponses et l'équipe qui aura dégusté avec le plus grand discernement se voit récompensée du titre honorifique mis en jeu.

Alors, me direz vous, pourquoi est-ce que je viens vous parler de ce concours pour zinzin du goulot ? Et bien en premier lieu, parce que ces gars là habitent tous à quelques kilomètres de chez moi, et que depuis une certaine soirée passée à déguster magnum sur magnum à leurs côtés, je me dis que j'ai de drôles de fréquentations. Plus sérieusement, avant d'être des encyclopédies viniques sur pattes, ces gars sont avant tout des amoureux transis du vin. Un groupe large, nommé In Vino Veritas, amené à déguster de façon presque hebdomadaire plusieurs dizaines de flacons. 
On pourra penser ce que l'on veut de ce genre de course à l'échalote, mais toujours est-il que si les crachoirs sont bien remplis, les caves le sont aussi, et la qualité n'est pas un mot galvaudé quand s'échangent en toute discrétion les listings des canons vidés à chaque session. Entre soirées "d'entrainement" à l'éclectisme tapageur, et dégustations thématiques, il y en a pour tous les goûts. Mais ce qui prime avant tout c'est cette amitié ayant traversé les années permettant à ce groupe d'afficher une certaine stabilité affective. 
Et moi dans tout ça ? Et bien, courant du joli mois de mai dernier, j'ai pris part à une manche du concours national, l'étape gaillacoise plus exactement. Même principe, en équipe de deux, douze vins français servis à l'aveugle, en carafes, toutes identiques, une feuille, trois verres et un crayon à papier. Pour une première, nous n'avons pas été ridicules (27ème sur 55 équipes), mais là n'est pas la question. Le plaisir du jeu a dépassé un instant la passion du vin, car qualitativement le compte n'y était pas forcément. Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse... du jeu ! Le crachoir se remplit, durant les deux grosses heures que dure le concours, et on se prend au truc. 
Au final, une autre approche du vin, bien moins passionnelle et gourmande que celle qui nous pousse à organiser de beaux repas comme celui de ce samedi, mais une parenthèse ludique non dénuée d'intérêt, ne serait-ce que pour l'humilité, les franches poilades et la relative excitation procurées par le jeu.

Mais revenons à nos festivités du week-end : un repas mêlant des vins de tous horizons, dont le dénominateur commun n'était autre que le partage. Du champagne à l'Autan des Plageoles, du cinsault que j'adore au prestige bordelais, du talent pur de Ganevat à l'équilibre sans faille d'un chassagne de Ramonet, malgré les étiquettes parfois clinquantes, aucune suffisance dans les rangs, simplement un plaisir cumulé, conjuguant l'amour du vin au présent, sous toutes ses formes. Et hasard des nombres, nous avons découvert et profité d'exactement douze flacons, mais ce jour là, c'était nous les champions du monde... du moins dans la catégorie reine, celle du bonheur partagé.  
Les plaisirs sont multiples et peuvent prendre bien des formes, et si cette victoire des collègues d'IVV mérite respect et reconnaissance (même si elle inspire sûrement l'étonnement chez un grand nombre de personnes qui classerait plus aisément cette nouvelle à la rubrique "insolite" plutôt que "culture" ou "vin et gastronomie" de leur canard préféré), je puis assurer qu'elle n'hypothèque en rien les velléités de plaisir simple de ces gars là. On doit se revoir bientôt, il me tarde. Et encore bravo !

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