Un peu de tri !

mercredi 22 novembre 2017

Bref, j'ai eu du cul.

Bref,

Parfois dans la vie on a des gros coups de cul : gagner un bon coiffure au loto de l'école du village, tomber sur la fève et ne pas se casser une dent, acheter une fringue à sa taille sur Internet, ou encore, fêter le beaujolais nouveau sans avoir l'impression que Lara Fabian fait des vocalises aux quatre coins de votre crâne le lendemain matin.

Moi, perso, je n'ai jamais vraiment eu de cul. Surtout quand je buvais du beaujolais nouveau. C'est d'ailleurs peut-être pour ça qu’aujourd’hui j'ai du mal avec Lara Fabian. 

Et puis un jour, allez savoir pourquoi, la chance a tourné...

Affalé dans mon canap', le soir, j'ai mes petites habitudes.

J'aime bien boire une tisane, même si à chaque fois je me crame à la première gorgée.
J'aime bien prendre un bouquin, mais comme je discute en même temps, je relis plusieurs fois les mêmes pages et quand on me demande si c'est bien, ben je sais pas trop.
J'aime bien manger un bon chocolat, mais le plus souvent j'en ai pas, alors je mange des Granola.
Et puis, j'aime bien regarder les annonces du Bon Coin avec l'espoir de trouver un trésor. 

Trouver un trésor sur le Bon Coin...

Le genre de phrase à la limite de la correction. Trouver un trésor sur le Bon Coin c'est un peu comme penser qu'on va bien bouffer à une soirée vegan, chercher de la poésie dans un disque de Jul, écouter du rock français, ou pire, boire du vin anglais

Puis, j'ai vu L'ANNONCE. 

Le gars vendait un Richebourg 1967 de la Romanée-Conti. Je l'ai relu plusieurs fois en me disant que c'était pas pour moi, que cette quille improbable dont je ne connaissais pas l'histoire avait peut-être passé dix ans posée sur la télé d'un inconnu avant de se retrouver dans un garage, où l'été, il fait aussi chaud qu'un quinze août à Marrakech. Malgré tout, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envoyé un mail. Peut-être parce que la bouteille était à vingt bornes de chez moi, peut-être parce que j'avais bouffé un Bisounours, peut-être parce que, pour une fois, j'avais envie d'avoir du cul. 

Puis j'ai attendu. 

Le gars voulait vendre la bouteille, mais moi, je voulais l'échanger parce qu'il était hors de question que je vende un rein, un gosse ou ma collection Panini foot 1993 pour une bouteille dont la probabilité d'en tirer une régalade devait être à peu près aussi élevée que celle de croiser Christine Boutin sur un char de la Gay Pride.
Et finalement, j'ai eu cette bouteille. Tout à coup, j'eus l'impression d'être Indiana Jones tenant le Graal entre ses mains, Deschamps levant la coupe du monde, le singe du Roi Lion brandissant Simba, ou même un peu les trois à la fois.

Quelques semaines plus tard, sans trop d'espoir, après quelques bulles et avant une série à en faire pâlir un vendeur d'encyclopédies, notre Richebourg quinquagénaire a débarqué. Aussi fringuant qu'un Mike Jagger dopé au guronsan, aussi complexe et élégant qu'une tirade proustienne, le roi pinot récita sa partition avec l'éclat d'un jouvenceau et la classe d'un Michael Jackson en moonwalk. Ce fut un moment inoubliable.

À ce moment précis, je compris ce que pouvaient ressentir les gens qui ont déjà réussi un lancer de bilboquet ou ceux qui arrivent à ne pas faire crever une plante verte en moins de trois jours.

Bref, j'ai eu du cul.


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Plus de Bref.

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